À l’ère de l’hyperconnexion dans une société ayant perdu certains repères, le sacré au sens large revient en force. Les propositions néo-spirituelles sont multiples et s’infiltrent dans toutes les sphères du bien-être. La guérison par des huiles essentielles, des pierres mystiques et autres fétiches sont de douces promesses. Cette quête de spiritualité n’échappe pas aux produits dérivés et se traduit par des formes de thérapies alternatives. À travers ces méthodes occultes et charnelles, une chose reste tangible : la maladie.

Si l’œil ne voit plus, comment rester lucide devant cette nouvelle réalité embrouillée ? Face à une mutation d’un corps aliéné, l’artiste ne peut que plonger en elle. Elle amasse, entasse, classifie et inventorie les traces d’un périple médical. Comme pour s’ancrer ou pour rapiécer un corps morcelé, elle use de répétition pour se reconstruire. Dans cet état de transition où le temps est suspendu, le geste artistique, administré au compte-goutte, apporte le réconfort du tangible. Grâce à l’ordre, à l’équilibre et à l’expérience esthétique, elle fait le pari de la CLAIRVOYANCE.

L’ARTISTE

Dans une intention de transfiguration poétique de l’ordinaire, Joanie Simard utilise les objets et la matière comme memento mori d’un quotidien fugace et d’une existence éphémère. L’objet mémoriel, qui peut être répété, hybridé ou illuminé, est transposé dans l’espace afin de rendre sensible l’expérience intérieure. Son intérêt pour les dimensions fondamentales du temps et de l’espace se manifeste à travers l’installation, la sculpture et le dessin, qui deviennent des lieux d’exploration des paradoxes qui nous habitent. L’imaginaire proposé relève d’une approche autoréférentielle, nourrie de fascinations pour les micro-matières en expansion, la stérilité, la saleté, le mysticisme et les frontières entre le conscient et l’inconscient. Sa pratique résulte d’un processus entre ordre et chaos, raison et intuition, où le risque, le hasard et l’erreur sont bienvenus.

Joanie Simard est une artiste en arts visuels originaire de Saguenay où elle vit et travaille. Elle a obtenu un baccalauréat en enseignement des arts et une maîtrise en arts de l’Université du Québec à Chicoutimi. Elle a présenté de nombreuses expositions individuelles et collectives dans divers lieux et centres d’artistes de la région tels que Le Lobe, la Galerie l’Œuvre de l’Autre et Langage Plus. Son parcours s’est enrichi par son engagement dans la vie culturelle en tant que membre de conseils d’administration, d’associations et de collectifs de création.