Ateliers maraîchers | Oeuvres extérieures

Diane LAURIER (Sainte-Adèle) + Émili DUFOUR (Saint-Gédéon) | Commissaire : Nathalie LAVOIE (Saguenay)

Exposition

Pendant la saison estivale 2022, les artistes Diane LAURIER (Saguenay) et Émili DUFOUR (Saint-Gédéon) effectuaient, à l’initiative de Langage Plus, une résidence axée sur des séjours immersifs en contexte maraîcher. Sous le commissariat de Nathalie LAVOIE, il en a résulté pour chacune une exposition in situ, une présentation en duo dans la vitrine de Langage Plus et une publication qui rend compte, de manière visuelle et écrite, de cette expérience à la fois artistique et horticole.

Le projet prend fin ici-même au centre-ville d’Alma, en ramenant la culture maraîchère en milieu urbain via le regard sensible d’une artiste de proximité. De juin à octobre, l’espace de diffusion AGORA+ | Galerie sans murs accueille de manière rotative, pendant quelques mois, trois murales découlant de la résidence décentralisée de DUFOUR à merci la terre (Métabetchouan). Quant à elles, les oeuvres de LAURIER créées au Jardin des défricheurs (Ferland-et-Boilleau) seront mises à l’honneur à la même période en 2024.

D’emblée, chaque milieu s’est avéré un contexte de création hors du commun offrant l’occasion à l’artiste d’établir un lien étroit avec un acteur important de son territoire et sa communauté, de manière à « composer avec la complexité du réel », ce qui est dans l’esprit de la permaculture.

OEUVRES

Peau végétale, 2022 | Murale 4

La paume de sa main de la maraîchère, salissée par les travaux aux champs, se relie aux sillons d’une pelure d’un légume qu’elle cultive, s’offrant à une lecture interprétative de ces lignes, telle une quête de sens. Cet extrait est tiré du cahier de bord de l’artiste : « Les mains de Joëlle sont marquées par le dur labeur de la culture de la terre. On y voit  des crevasses profondes, des parties noires remplies de terre. Ces mains ne sont pas celles que l’on retrouve habituellement chez une jeune femme ; le vieillissement de la peau est celui d’une personne qui a connu par l’expérience maintes fois répétée du travail acharné, tout comme ces pommes de terre qui ont passées l’hiver et serviront à en faire pousser d’autres. »

Terre humaine, 2022 | Murale 5

La présence de la maraîchère au repos épouse le sol, la terre, à la manière d’un processus de régénération de l’être. Il est nécessaire de garder le rythme, mais aussi de faire des pauses. Comme si après le dur travail de labour, la jeune femme sollicitait la terre pour un juste retour de cette énergie déployée dans un processus d’échange, de réciprocité. D’ailleurs, la maraîchère, celle qui façonne la terre, se dépose elle-même comme un nouveau paysage. Le poids de son corps et celui du travail accumulé nous ramènent à une existence, un esprit-corps, inscrit au cœur de l’été.

L’abri, 2022 | Murale 6

Par un itinéraire balisé, Diane Laurier nous éloigne progressivement des plantations maraîchères. Elle nous conduit au terme du trajet vers un petit abri qui était autrefois une tente de sudation, traditionnellement destiné aux rites de purification du corps et de l’esprit. L’artiste a rafistolé les bois souples, a abrité le dôme d’une double couverture et a recouvert le sol intérieur d’un tissu de jute, dans le but de créer un lieu introspectif. Elle semble y installer une nouvelle demeure destinée à l’intériorité de soi et des autres. Dans cette atmosphère propice au recueillement par sa forme en coupole, ses textiles naturels et sa lumière du jour tamisée, une assiette reçoit les pensées que le visiteur a accepté d’exprimer par écrit.

L’ARTISTE

Après avoir exposé principalement des oeuvres installatives dans divers musées et centres d’artistes autogérées du Québec, Diane Laurier entreprend une carrière de professeure-chercheure au sein de plusieurs universités québécoises. Elle renoue en 2017 avec sa pratique artistique et s’entoure d’artistes complices, créant ainsi un véritable laboratoire en poïétique ainsi qu’un lieu de partage et de reconnaissance de l’altérité. Sa recherche actuelle en arts visuels repose sur ses marches photographiques à partir desquelles elle réalise des installations liées à sa quête de rendre visible l’invisible. 

Ateliers maraîchers a vu le jour grâce au soutien financier du Conseil des arts et des lettres du Québec, de la MRC de Lac-Saint-Jean-Est et de la Ville d’Alma, dans le cadre du Programme de partenariat territorial du Saguenay–Lac-Saint-Jean 2021-2022. Langage Plus souligne l’apport important de merci la terre, du Jardin des Défricheurs et du Centre SAGAMIE au projet.


Posted in