Diane LAURIER, détails d'une oeuvre de l'installation La parole silencieuse, Le corps de l'oeuvre.

Le corps de l’oeuvre

Diane LAURIER (Ste-Adèle)

Exposition, Terminé(e)

Du 13 juin 2024 au 25 août 2024

Salle projet, Salle vidéo

Vernisage le 13 juin 2024, 17:00

Diane Laurier conçoit sa pratique artistique en tant que principe de vie, acte de présence au monde et mode de connaissance. Son travail, liant l’art à la vie, est conduit comme s’il s’agissait de mener une recherche qui se développe par le biais d’installations. Dans ces espaces, on y trouve une esthétique de l’épurement, où des réalisations à la fois bi et tri dimensionnelles s’organisent en fonction du sujet investigué. Le développement de ce thème, émanant du quotidien de son existence, trouve sa finalité dans l’œuvre dont le résultat relève d’une conscience renouvelée.

Les procédés utilisés proviennent de la répétition de gestes. Cette magnificence du geste s’appuie sur une réappropriation de ce savoir revisité qui est présenté de manière inusitée.

Le corps de l’œuvre est une réflexion sur la perte, le deuil (Mille et un paysages pour l’ultime partance de Daniel, salle vidéo) et le désir de se réinventer (La parole silencieuse, salle projet).

J’aimerais remercier toute l’équipe de Langage Plus pour leur soutien indéfectible. Ils ont cru en moi et ont accepté de reporter la plage d’exposition prévue il y a plus d’un an, afin de laisser le temps au temps de faire son œuvre. Je remercie le Centre Sagamie, particulièrement Élise Bouchard, pour son professionnalisme et sa capacité à comprendre à distance mes intentions ; merci au CALQ, merci aussi à Claude Fradette, musicien et compositeur prodigieux, d’avoir accepté de me suivre dans cette aventure par la création d’une bande sonore originale ; merci au collectif de femmes artistes : le collectif d’art complice pour la qualité des échanges et de leur accompagnement ; merci à l’organisme Palliacco pour son soutien. Merci à Daniel d’être un jour entré dans ma vie, et finalement, je remercie la force vitale qui m’anime et me donne le courage de créer.

L’ARTISTE

Diane conçoit sa pratique artistique en tant que principe de vie, acte de présence au monde et mode de connaissance. Son travail, un territoire de recherche qualitative, épouse les principes du paradigme du Sensible où les phénomènes singuliers rejoignent ceux universels.  Liant l’art à la vie dans une perspective existentielle, les axes de recherche explorent son désir de rendre visible l’invisible par l’établissement de relations entre les deux pôles que sont celui de la matérialité, c’est-à-dire les réalités composants le monde physique, et l’immatérialité, soit l’idée ou l’esprit auxquels ils font référence.  

C’est souvent par le biais d’une action, celle de marches photographiques, qu’elle interroge le regard qu’elle pose sur l’horizon du monde pour témoigner des effets que celui-ci produit en elle. Le résultat visuel émanant de ses déambulations se manifeste tangiblement par le biais d’installations. Dans ces espaces, on y trouve une esthétique épurée où des réalisations, à la fois bi et tri dimensionnelles, s’organisent en fonction du thème investigué. Ce thème, issu des événements récents et de prises de conscience, émane du quotidien de son existence. 

Sa pratique bidimensionnelle se manifeste souvent par l’addition de gestes dialogiques, fondamentaux et complémentaires: la photographie et la couture. Le geste photographique lui permet de capter dans l’instant ce qui l’interpelle dans le monde des réalités naturelles. Celui de coudre lui succède lorsqu’ elle perce le papier à l’aide d’une aiguille et que, par la suite, un fin travail de couture s’amorce. Pour mieux saisir les lignes de force de l’œuvre photographique, ces traits de fils cousus à même le papier dessinent, traversent et ponctuent son épaisseur.

Au-delà du potentiel descriptif que renferme le cliché photographique, l’image numérique est investiguée pour sa capacité à s’exercer dans l’instant afin d’évoquer l’expérience brute et sensible qu’opère la vue alors qu’elle se pose sur des surfaces, des textures, des matières composant le monde. 

La couture, geste lent, répétitif et s’opérant dans la durée, s’oppose ainsi à celui de la photographie. Il témoigne de ses préoccupations féministes en revendiquant le geste de coudre, geste humble répété par des générations de femmes, comme geste artistique.

Sa pratique tridimensionnelle complète celle bidimensionnelle. Souvent, elle s’inscrit dans la filiation des gestes maintes fois réitérés et reliés au savoir-faire artisanal. Ainsi, il lui arrive de les revisiter en les actualisant de manière inusitée. C’est notamment le cas pour les techniques du tapis tressé exploré en utilisant comme matière première les pages de ses journaux intimes ou encore du procédé du vitrail pour lequel le verre coloré est donné à voir par superposition plutôt que traditionnellement, par énumération. Parfois, cette pratique tridimensionnelle consiste en la sélection d’éléments naturels qu’elle organise par le biais de procédés d’assemblages liant lesdits éléments avec divers fils ou cordages noués. Ici, les gestes effectués relèvent de procédés s’apparentant à celui de la couture. Ces montages sont souvent suspendus ou disposés à même le sol. Ils s’inscrivent en correspondance avec les œuvres bidimensionnelles formant de la sorte un tout articulé autour d’une même idée. 

Diane Laurier détient un doctorat de l’Université de Sherbrooke. Auparavant, elle a obtenu une maîtrise en arts plastiques de l’Université du Québec à Montréal. Elle vit et travaille à Ste-Adèle. Après avoir exposé principalement des installations dans divers musées et centres d’artistes autogérés du Québec, elle entreprend une carrière de professeure-chercheure au sein des universités québécoises s’investissant davantage au sein des champs disciplinaires de l’enseignement, de la transmission des arts ou de la méthodologie de recherche en pratique artistique. En 2018, elle renoue avec sa pratique artistique et devient co-fondatrice du Collectif d’art complice, véritable laboratoire en poïétique où la pratique artistique se veut un lieu de partage et de reconnaissance de l’altérité, dépassant ainsi les individualités au profit d’une conscience commune. Depuis lors, elle poursuit individuellement une recherche en arts visuels. C’est principalement par le biais de photographies numériques cousues qu’elle crée des installations dont les grands axes de recherche s’inscrivent dans la perspective de l’art et la vie et épousent le paradigme du Sensible.


EXHIBITION

Diane Laurier views her artistic practice as a guiding principle of life, an act of presence in the world and a method of understanding. Her work, intertwining art with life, unfolds as if conducting a research endeavour that evolves through installations. Within these spaces, we find an aesthetic of purity, where both bidimensional and tridimensional creations are organized according to the subject explored. The development of this theme, arising from the everyday fabric of her existence, culminates in a piece where the outcome reflects a renewed consciousness.

The methods employed stem from the repetition of gestures. This splendour of gesture rests on a reappropriation of revisited knowledge presented in an unusual manner.  Le Corps de l’Œuvre contemplates loss, mourning (Mille et Un Paysages pour l’Ultime Partance de Daniel, video room) and the desire for reinvention (La Parole Silencieuse, project room).

I would like to extend my heartfelt thanks to the entire team at Langage Plus for their unwavering support. They truly believed in me and agreed to postpone the exhibition, which was originally scheduled over a year ago, allowing time to take its course.  I am grateful to the Centre SAGAMIE, especially Élise Bouchard, for her professionalism and ability to grasp my intentions from afar; thank you to the CALQ and thank you also to Claude Fradette, a prodigious musician and composer, for joining me on this journey by creating an original soundtrack; thanks to the collective of women artists, the Collectif d’Art Complice, for the quality of our exchanges and for their support; thanks to the Palliacco organization for their support. Thank you, Daniel, for one day coming into my life and finally, I thank the life force that animates me and gives me the courage to create.

THE ARTIST

Diane sees her artistic practice as a guiding principle of life, an act of presence in the world and a method of understanding. Her work, a realm of qualitative research, embraces the principles of the Sensible paradigm, where singular phenomena intersect with the universal.  By intertwining art with life from an existential perspective, her research areas delve into her desire to make the invisible become visible by establishing relationships between the two poles: materiality, the realities that make up the physical world and immateriality, the idea or spirit to which they refer. 

It is often through action – photographic walks, for example – that she questions the gaze she casts upon the horizon of the world to bear witness to the effects it produces within her. The visual results of her wanderings manifest themselves tangibly in installations. Within these spaces, we find an aesthetic of purity, where both bidimensional and tridimensional creations are organized according to the explored theme. This theme, born from recent events and new awareness, emanates from the fabric of her everyday existence.

Her two-dimensional practice often involves the integration of dialogical, fundamental and complementary gestures: photography and sewing. The photographic gesture allows her to capture in the moment what appeals to her in the world of natural realities. The act of sewing follows, as she pierces the paper with a needle and begins the delicate sewing process. These lines of thread, sewn directly into the paper, delineate, traverse and punctuate the thickness of the paper, as to better grasp the lines of force in the photographic work.

Beyond the descriptive potential of the photographic image, the digital image is explored for its ability to unfold in the moment, to evoke the raw, sensitive experience of sight as it alights on surfaces, textures and materials that make up the world. Sewing, a slow, repetitive gesture that takes place over time, contrasts with photography. It reflects her feminist concerns by reclaiming the act of sewing, a humble gesture repeated by generations of women, as an artistic gesture.

The artist’s three-dimensional practice complements her two-dimensional approach. She often follows in the footsteps of the time-honoured gestures associated with traditional craftsmanship. As such, she occasionally revisits them, infusing them with a fresh and unconventional approach. This is notably the case for the woven carpet techniques explored using the pages of her diaries as raw material, or the stained-glass process where coloured glass is presented through layering rather than, traditionally, graphical enumeration. At times, this three-dimensional practice involves the selection of natural elements that she organizes through assembly processes, binding these elements with various knotted threads or ropes. Here, the gestures are similar to those used in sewing. These assemblies are often suspended or arranged directly on the ground. They correspond with the two-dimensional works, forming a cohesive whole centred around a unified idea.

Diane Laurier holds a PhD from the Université de Sherbrooke. Prior to this, she earned a master’s degree in Fine Arts from the Université du Québec à Montréal.  She lives and works in Ste-Adèle. Having presented her engaging installations at various museums and artist-run venues across Quebec, she seamlessly transitioned into a new career as professor-researcher at Quebec universities, investing deeply in the fields of teaching, the transmission of the arts and research methodology in artistic practice. In 2018, she returned to her artistic practice and became co-founder of the Collectif d’Art Complice, a true laboratory in poetics where artistic practice transforms into a space for sharing and recognizing otherness, transcending individuality in favour of a common consciousness. Since then, she has pursued individual research in the visual arts. She uses digital photographs stitched together to create installations where the major research areas are based on the perspective of art and life, which embrace the Sensitive paradigm.